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RECHERCHES SCIENTIFIQUES > LES ANNÉES 1960 > Multidisciplinarité

MULTIDISCIPLINARITÉ

Les années 1960 sont marquées par des recherches qui consolident l’approche multidisciplinaire de Pierre Dansereau.

À partir de 1966, l’écologiste se concentre principalement sur les impacts des interventions humaines sur son milieu et l’importance des facteurs écologiques dans le développement urbain.1 Il en résulte, notamment, la publication du texte Ecological Impact and Human Ecology en 1966. Pour Pierre Dansereau, l’étude globale d’un milieu inclut dorénavant l’homme. C’est ce qu’il nomme « l’écologie humaine et l’écologie urbaine » qui découlent d’une attention particulière accordée aux travaux écologiques parallèlement aux questions socio-politiques. « [L]e souci de la qualité de la vie devait rejoindre les environnements modifiés par l’homme et les villes elles-mêmes »2. L’écologie humaine se rapporte à l’influence de l’homme comme facteur transformant la nature, alors que l’écologie urbaine est plutôt l’étude des interactions entre les êtres vivants et la ville. C’est lors de son séjour à New York en tant que directeur adjoint du Jardin botanique, de 1961 à 1968, que Pierre Dansereau s’intéresse plus particulièrement à l’importance de l’homme dans l’écosystème. Pour le chercheur : « l’émergence de l’écologie humaine [fait] appel à un élargissement de la visée de l’écosystème, et peut-être de sa définition elle-même en tant qu’unité fondamentale »3. L’homme et l’environnement urbain font désormais partie intégrante de l’écosystème tel que défini par Pierre Dansereau.

Cette période est également marquée par son implication dans la production de la revue Sarracenia, publiée par l’Institut botanique de l’Université de Montréal. Cette revue s’adresse aux étudiants et aux chercheurs du domaine de la biogéographie. L’éditrice en chef de cette revue, Virginia Weadock, deviendra la secrétaire de Pierre Dansereau et sa fidèle collaboratrice pendant près de cinquante années, soit de 1955 à 2003.

Par ailleurs, la notoriété grandissante de Pierre Dansereau en tant qu’écologiste lui donne l’opportunité de rédiger les articles définissant la biogéographie et décrivant le Canada pour l’Encyclopaedia Universalis en 1968.

Parallèlement à ses recherches sur l’écosystème, l’écologiste se concentre aussi sur l’étude des sciences sociales, qui mèneront à la publication de Contradictions & Biculture en 1964. Cet ouvrage se compose de textes dans lesquels Pierre Dansereau utilise son expérience sociale et professionnelle pour aborder les préoccupations et les idées de sa génération, ainsi que pour définir les problèmes culturels qui semblent s’être posés aux Canadiens entre 1955 et 1961.

1 UQAM, Service des archives et de gestion des documents, Fonds d’archives Pierre-Dansereau, 22P-020/1.

2 Ibid, 22P-020/4 « Description sommaire des recherches et contributions », p. 4.

3 Ibid, 22P-020/4 « Description sommaire des recherches et contributions », p. 4.

Extrait sonore : 1

Extrait vidéo : 12345

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Extrait d'une entrevue accordée par Pierre Dansereau à Fernand Seguin dans le cadre de l'émission de télévision Le Sel de la semaine, dans laquelle il définit l'écologie humaine, 1969.
Production : Société Radio-Canada.
Université du Québec à Montréal. Service des archives et de gestion des documents.
Fonds d’archives Pierre-Dansereau, 22P6b/9.

Pierre Dansereau : Je pense qu’en effet, une justification s’impose. Je ne suis pas urbaniste, absolument pas urbaniste. Je ne pense pas le devenir non plus. Mais dans une Faculté de l’aménagement, si comme biologiste je suis à la périphérie, comme écologiste je suis au contraire au centre. Fernand Seguin : Pourquoi ? P.D. : Parce que l’étude écologique de l’habitat humain, c'est-à-dire la reconsidération des découvertes de l’anthropologie, de la génétique et de la physiologie, de la sociologie et de l’économique, tout ça doit être intégré dans un cadre écologique. Ça n’existe pas à l’heure actuelle. Nous n’avons pas de traité en quatorze volumes, ni même en un volume d’écologie humaine. Il y a des livres qui ont été publiés avec ce titre-là, mais c’est de la bonne vieille sociologie ou de la bonne vieille économie. Ce n’est pas encore de l’écologie humaine. L’écologie humaine, elle est à faire. F.S. : Oui. Qu’est-ce que ce serait…, je sais que vous serez un de ceux qui allez la faire, qu’est-ce que ce serait l’écologie humaine en termes simples ? P.D. : Ça serait de se poser des questions à propos de l’Homme qu’on se posent à propos des animaux et même des plantes. F.S. : Quelles questions ? P.D. : Des questions de ce que c’est qu’une exigence ? De ce que c’est qu’une tolérance ? Vis-à-vis de la pollution, par exemple. Quelle est la défense possible de l’organisme humain vis-à-vis de la pollution ? Qu’est-ce qu’il peut tolérer ? De quoi a-t-il besoin dans les éléments atmosphériques et dans les éléments de l’eau et du sol ? Qu’est-ce qui lui est essentiel et dans quelle quantité, dans quelle combinaison ? Et, évidemment, la dimension psychologique. Qu’est-ce qui fait que le lion préfère manger du zèbre plutôt que de l’antilope ? Qu’est-ce qui fait que l’Homme ne veut pas habiter au 14e étage, il préfère habiter au 5e étage ? Il y a quelque chose de bien plus fort que des analogies dans toutes propositions-là. Elles ont besoins d’être étudiées dans un contexte [unifié ?]. Alors, par conséquent, nous avons la tâche actuellement de mettre à l’œuvre les découvertes et les lois, les lois qui ne sont pas aussi précises que celles de la physique et la chimie, mais qui s’approche de la biologie et pourrait le devenir. Nous servir, évidemment, de toute la machinerie ordinatrice à notre disposition actuellement pour poser toutes les questions qui n’étaient même pas imaginables, qui n’étaient pas commensurables littéralement il y a à peine quelques années. Nous avons à mettre tout cet arsenal au service d’une méthodologie qui se doit de changer, de sortir de l’exclusive de l’économique, de la psychologie, etc. La pondération des éléments de structure, des éléments…, des ressources. L’habitat humain est un écosystème, c’est-à-dire un endroit semblable à une forêt ou une rivière, où des éléments sont transformés par un organisme à un rythme qui est prévisible et où le réinvestissement des ressources est également prévisible.
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